Makoth
Je n’ai pas vu son visage. Seulement une ombre, immense, qui avançait en silence, et avec elle… le cri de ma mère, morte depuis dix ans.”— Fermier Numien
Makoth est l’une des plus anciennes et des plus redoutées Calamités du Chaos, une entité qui ne ravage pas par le feu ni par l’épée, mais par l’angoisse pure. Il est le souverain des peurs, le maître des visions nocturnes, le fléau qui transforme les pensées les plus sombres en chair, en crocs, en griffes.
Son essence se manifeste chaque année, lorsque les nuits s’allongent et que les esprits faiblissent. À l’approche de son retour, un portail de pierre aux gravures mouvantes apparaît près de l’Arbre aux Murmures, entouré d’un silence oppressant. On raconte que ce passage est le seul chemin vers son domaine, une région à mi-chemin entre la réalité et le cauchemar, où le temps se déforme et les peurs prennent vie.
Si Makoth n’est pas vaincu avant le jour de l’éclipse noire, il ouvre les portes de l’horreur sur le monde. Des hordes de créatures surgissent alors, chacune née de la peur intime d’un mortel : enfants perdus devenus des ombres vides, mères mortes hurlantes, bêtes difformes qui répètent les dernières paroles d’une victime, ou encore abominations informes aux visages familiers.
Makoth lui-même n’a pas d’apparence fixe. Il est souvent perçu comme un spectre encapuchonné, dont la silhouette oscille entre humanoïde et monstrueuse, dont les yeux brillent d’un éclat spectral. Il parle rarement, mais lorsqu’il le fait, c’est dans un murmure qui évoque les voix de ceux que l’on a aimés… ou tués.
Contrairement aux autres Calamités, Makoth ne revendique ni territoire, ni trône. Il n’exige pas d’allégeance. Il se contente de semer la peur, année après année, comme pour nourrir une faim invisible. Certains pensent qu’il ne cherche pas à dominer, mais à purger le monde des âmes faibles, ou à éveiller une terreur si parfaite qu’elle transcendera le Chaos lui-même.
Peu nombreux sont ceux qui ont franchi le portail et affronté Makoth dans son domaine onirique. Moins nombreux encore sont revenus, et ceux qui l’ont fait ne dorment plus jamais.
Car Makoth ne meurt pas vraiment. Il recule dans l’ombre, le temps que les cœurs oublient, que les cauchemars s’atténuent… puis revient, encore et toujours. Il est la Peur éternelle, et tant que les mortels auront quelque chose à perdre, il aura une forme à prendre.